• L'art de raconter le monde

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L'art de raconter le monde

De: RFI
  • Resumen

  • Jean-François Cadet raconte avec des mots et avec des sons comment – à travers leurs œuvres – les écrivains, les dessinateurs et scénaristes, les metteurs en scène, les comédiens, les cinéastes, les plasticiens ou les musiciens se font l’écho des soubresauts, des débats, des grandes figures et des tendances du monde d’hier, d’aujourd’hui, et peut-être de demain. Réalisation : Antonin Duley. (Diffusions toutes cibles : le samedi et le dimanche à 18h40 TU)

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Episodios
  • «Les Enfants Rouges», les bergers et les barbares
    May 4 2025

    Le nouveau film du cinéaste tunisien Lotfi Achour nous plonge dans la psyché d’une famille rurale traumatisée par l’assassinat d’un jeune berger par un groupe djihadiste. Un long-métrage inspiré de faits réels.

    Le 15 novembre 2015, un jeune berger de 16 ans nommé Mabrouk Soltani était assassiné et décapité dans la montagne de Mghila (centre-ouest de la Tunisie, non loin de la frontière avec l’Algérie) par un groupe de jihadistes. Son cousin avait rapporté la tête de la victime, que ses proches avaient conservée dans le réfrigérateur familial, dans l’espoir de récupérer le corps un peu plus tard.

    Le drame, relayé par les réseaux sociaux et des médias pas toujours décents, avait bouleversé toute la Tunisie et marqué une nouvelle étape dans la décennie noire que vivait le pays. Profondément touché, le réalisateur Lotfi Achour a voulu, en réalisant Les Enfants Rouges, témoigner à la fois de la barbarie terroriste et de l’abandon par les autorités des populations rurales et pauvres de cette région. Une manière de documenter, de transmettre, de faire réfléchir et d’interroger la mémoire collective.

    Le film reprend la dure réalité des faits et nous fait entrer dans l’intimité des familles endeuillées et frappées de stupeur. Un deuil et une sidération d’autant plus douloureux que sans le corps, il était impossible de donner une sépulture décente à l’adolescent tué.

    Lotfi Achour a choisi de plonger les spectateurs dans la tête de l’enfant survivant, nommé Ashraf dans le film. Le personnage, incarné par Ali Helali, est criant de vérité. C’est pourtant son premier rôle au cinéma, de même que pour Yassine Samouni qui incarne la victime – rebaptisée Nizar – ou pour Wided Dabebi, qui interprète leur amie Rahma. Tous trois sont originaires de la région, tout comme la plus grande partie des acteurs adultes. Dans le même souci d’authenticité, le film a également été tourné en dialecte local. D’autant plus important que le cinéma tunisien, d’après le réalisateur, a peu l’habitude de parler avec justesse du monde rural, mettant le plus souvent en avant les décors et les histoires urbaines.

    Dans cette même optique, le film met en valeur, par l’image et par le son, les paysages et la faune de cette région montagneuse, truffée de mines. Il s’en dégage une impression de dureté, mais aussi de beauté imprégnée de poésie et d’onirisme. Quant aux personnages, ils sont filmés sans misérabilisme, avec une humanité qui met en avant une souffrance, une colère et des interrogations pleines de dignité. Le franc sourire de Rahma apporte même – par petites touches – une inattendue touche d’espoir en l’avenir.

    Les enfants rouges de Lotfi Achour, au cinéma le 7 mai.

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  • «Les Vagabondes», ensemble à la guerre comme à la guerre
    May 3 2025

    À travers la rencontre et l’errance pleine de rebondissements de deux Allemandes que tout oppose, le romancier Florian Ferrier nous plonge dans l’Allemagne occupée et finissante des dernières semaines de la Seconde Guerre mondiale.

    En ce début de printemps 1945, les combats font rage sur le sol allemand. À l’est, le 16 avril, les Soviétiques commencent à encercler Berlin. À l’ouest, la 7e armée américaine a franchi le Rhin et les Allemands peinent à maintenir leurs positions. C’est dans ce contexte d’un IIIe Reich finissant que les deux héroïnes du roman de Florian Ferrier vont se rencontrer, et bon gré mal gré, devoir collaborer.

    La première de ces deux femmes s’appelle Ilse Wolfe. Elle a 22 ans et porte fièrement l’uniforme de la BDM, la branche féminine des Jeunesses hitlériennes. Fervente nazie, elle attend depuis longtemps l’occasion de se couvrir de gloire et accueille avec une certaine fierté l’étonnante mission que lui confie le général SS Prützmann : gagner Francfort en planeur avec un commando et enlever une écrivaine au nez et à la barbe de l’occupant américain.

    Cette écrivaine est la deuxième héroïne du roman. Hanna Meissner est une opposante de toujours au régime hitlérien. Son troisième roman La Leçon a remporté un immense succès, mais elle n’en a pas profité longtemps, car à leur arrivée au pouvoir, les nazis ont interdit et brûlé ses livres. Elle a dû trouver refuge de l’autre côté de la frontière dans un pays neutre, la Suisse. Et c’est dans sa retraite helvète que les Américains sont venus la chercher. Avec une idée précise en tête : lui demander de rentrer en Allemagne, de prendre la parole lors de réunions publiques et d’exhorter ses compatriotes à rejoindre le camp des Alliés.

    D’abord hésitante, Hanna Meissner se laisse finalement convaincre et entre dans Francfort, assise à l’arrière d’une Jeep américaine. Tout n’est que désolation : la ville est un champ de ruines et la population, profondément démoralisée par les bombardements, manque d’eau, de charbon et de nourriture. Au sein de la Wehrmacht, les désertions s’enchaînent. Certains civils se retrouvent sur les routes de l’exode.

    C’est dans cette Allemagne à l’agonie que les deux femmes vont devoir traverser ensemble, dans une errance pleine de rebondissements qui donne son titre au roman. Et nouer ainsi, par-delà leur différence de génération et leurs divergences idéologiques, une relation aussi forte que singulière, qui les marquera à jamais.

    Pour bâtir son récit, Florian Ferrier s’est inspiré de faits réels. L’écrivain a publié en 2023 toujours chez Buchet-Chastel Étoile Rouge, un autre destin au féminin, plongé dans le chaos de la Deuxième Guerre mondiale. Son personnage, Lenka, était inspiré de l’histoire vraie d’une tireuse d’élite de l’Armée rouge, le sergent-major Roza Chanina.

    Les Vagabondes, de Florian Ferrer, est paru chez Buchet-Chastel.

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    20 m
  • En Grèce dans les années 30, de la censure dans l’air
    Apr 27 2025

    Dans son nouvel album Rébétissa (Futuropolis), David Prudhomme raconte comment le régime de Metaxas dans la Grèce des années 30 s’en est pris au rébétiko, la musique des exilés rébètes.

    Du 4 août 1936 à sa mort le 29 janvier 1941, la Grèce a vécu sous la férule du Premier ministre Ioannis Metaxas, militaire qui s’est illustré dans la guerre de 1897 contre l’Empire ottoman. Le régime de Metaxas était une dictature, inspirée de l’autoritarisme développé en Italie par Benito Mussolini. Les grèves sont déclarées illégales, les ciseaux de la censure sont de plus en plus actionnés.

    Dans le collimateur des autorités, il y a notamment les rébètes, ces marginaux, souvent originaire d’Asie Mineure. Ils exercent des activités peu lucratives : ils sont dockers, garçons d’abattoirs, pêcheurs ou petits artisans… Fumeurs de hashish, ils se livrent souvent à de menus larcins pour fuir la misère, et se retrouvent alors face à face avec la police.

    Cette vie de bohème, les rébètes la racontent dans des chansons populaires, les rébétika, pour lesquelles l’auteur de cet album de bande dessinée, David Prudhomme, a eu un véritable coup de cœur. À la fin de l’album, il propose d’ailleurs une playlist très fournie, qu’il n’est évidemment pas interdit d’écouter pendant la lecture, d’autant que certains titres ont été intégrés à son récit. On peut notamment citer Varvara, de Stellakis Perpiniadis, et Vagellitsa de Yannis Papaioannu.

    Le rébétiko est un genre musical qui émergea dans les années 1920 avec l’arrivée de vagues migratoires de populations hellénophones expulsés d’Asie Mineure. C’est ce que l’on appelle « la Grande Catastrophe », qui s’est soldée par le massacre ou l’expulsion de chrétiens d’Anatolie, et notamment de la région de Smyrne contrôlée par la Grèce.

    C’est justement de Smyrne que sont originaires plusieurs des artistes que met en scène David Prudhomme dans son album, confrontés à la censure du régime de Metaxas, qui entend éradiquer des accents beaucoup trop orientaux à son goût, et revenir à une forme de « pureté » originelle.

    Face à la menace, les joueurs de bouzouki, de baglama, de santouri, de kanonaki, d'outi ou d'accordéon doivent-ils ranger leurs instruments et courber la tête, ou prendre le risque de continuer à jouer dans le café où ils ont scène ouverte ? La patronne du café, la pétulante Katina, leur laisse le choix. Mais le dilemme est cornélien.

    Il y a 15 ans, David Prudhomme était primé au festival d’Angoulême pour son album « Rébétiko ». 15 ans après, il publie « Rébétissa » qui est en quelque sorte la petite sœur du premier, puisqu’il met cette fois en vedette deux femmes, deux chanteuses : la séduisante Béba et l’ambitieuse Marika.

    «Rébétissa», de David Prudhomme, est paru aux éditions Futuropolis.

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