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  • Guinée: le secteur de l'édition attend un soutien des autorités
    May 5 2025

    En Guinée, le secteur de l’édition reste fragile. Le pays compte une quinzaine de maisons d’édition mais en réalité, peu d’entre elles publient de manière régulière. La faiblesse du lectorat et le contexte économique constitue des freins. Les coûts de fabrication sont élevés et le livre neuf trop cher pour une grande partie des Guinéens. Les éditeurs réclament une politique publique plus volontariste pour le développement du secteur.

    Entre deux stands des « 72 heures du livre », le salon littéraire annuel de Conakry, Ousmane Soumaré décrit une fragile économie du livre. « Pour avoir une viabilité économique, nous faisons de l’impression à la demande afin de ne pas investir trop d’argent dans un ouvrage qui ne va pas s’acheter, explique le directeur de la jeune maison d’édition Plumes inspirées. Et nous faisons de l’édition à compte d’auteur, où une certaine quantité d’ouvrages sont achetés par l’auteur à l’avance et nous lui faisons une remise sur ces ouvrages, ce qui permet aux deux parties de s’en sortir financièrement. »

    Ratifier les accords internationaux

    Aliou Sow dirige Ganndal, une maison d’édition de livres jeunesse, une des mieux installées dans le paysage éditorial guinéen. Également président de l’Association des éditeurs de Guinée, il réclame la ratification de l’Accord de Florence (1950) et du Protocole de Nairobi (1976), pour favoriser la libre circulation des biens culturels et faire baisser le coût de l’encre ou du papier.

    « Faciliter l’entrée des livres à l’importation et à l’exportation et faciliter la détaxation de l’importation des intrants à la fabrication, ce seraient les deux mesures les plus importantes qu’il faudrait envisager à travers l’adhésion à ces traités internationaux et leur application dans le contexte local, plaide l’éditeur. En attendant qu’une vraie politique nationale du livre et de la lecture puisse être formulée, adoptée et mise en marche dans le pays. »

    Première édition du prix des Lycéens

    En attendant, l’État mise sur les prix littéraires. Cette année fut la première édition du prix des Lycéens, organisé par le Celpac, le Centre de lecture publique et d’animation culturelle. L’objectif premier est de vulgariser et de populariser la lecture, en particulier auprès des jeunes. Le second est d’aider les maisons d’édition à vendre.

    « Vous voyez déjà auprès des lycéens, lorsqu’on dit que le livre de Mabéty [Soumah] Sens interdit est lauréat du prix des Lycéens, non seulement, à travers ce prix, les maisons d’édition ont de la visibilité, mais ça va aussi booster leur vente », prédit Bernard Beavogui, directeur général du Celpac. Et en effet, sur le salon, plusieurs lecteurs réclament le roman de Mabéty Soumah au stand des éditions Ganndal.

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  • Maroc/France: la hache de guerre de la tomate est enterrée pour le moment
    May 4 2025

    La tomate marocaine était devenue pour une partie des agriculteurs français le symbole des menaces qui pèsent sur la souveraineté agricole de l’Hexagone. Après des mois de tensions et de négociations, les producteurs français et marocains se sont retrouvés fin avril au Salon international de l’agriculture au Maroc. Les discussions ont finalement abouti à la signature d’une déclaration d’intention conjointe. Un document dont le contenu précis n’a pas été dévoilé, mais qui, selon les filières des deux pays, vise à « renforcer leur coopération ».

    De notre correspondant à Rabat,

    Mai 2024. Des agriculteurs français détruisent des cargaisons de tomates marocaines. Ils se disent victimes de concurrence déloyale. Main d’œuvre à bas coût, utilisation d’insecticides interdits en Europe : la tomate marocaine, et surtout la tomate cerise, se retrouverait à prix cassés sur les étals en France. Ce coup de colère paraît déjà bien lointain. « Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre. Je pense qu'il n'y a plus de problème entre nous », assure Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader), alors qu'une déclaration d’intention entre producteurs français et marocains vient d'être signée.

    « Aujourd'hui, c'est une occasion qu'il ne faut vraiment pas louper, juge-t-il. La France revient vers l'Afrique en puissance en passant par le Maroc et ça, c'est important pour nous. La porte d'entrée du Maroc vers l'Europe, c'est l'Espagne et la France. Il y a de la place pour tout le monde. Il y a des potentialités énormes pour les deux pays. On peut travailler, on peut améliorer et il y a des choses à faire ensemble. »

    Réchauffement diplomatique

    L’heure est désormais à la relance du partenariat France-Maroc, dans la lignée du réchauffement diplomatique entre Paris et Rabat. Plus question de remettre en cause l’accord de libre-échange avec l'Union européenne qui permet aux tomates marocaines d’être exemptées de droits de douane moyennant quotas. Un accord qui permet aussi aux céréaliers français de rester les premiers fournisseurs de blé du Maroc. « Je pense qu'on est arrivé à l'objectif qu'on s'était fixé de renouer le dialogue, renchérit Cyril Pogu, coprésident de l’association Légumes de France. Ça fait déjà quelques années qu'il y a de l'incompréhension parce que justement, il n'y a pas d'échanges. »

    L'accord de libre-échange n'est plus remis en cause

    La déclaration d’intention ne comporte aucun engagement de la partie marocaine à limiter ses exportations durant la saison de production française. C’est pourtant ce que réclamaient certains agriculteurs de l’Hexagone. « Je ne suis pas persuadé que l'on puisse demander à la filière marocaine de respecter une saisonnalité, dans la mesure où ils produisent toute l'année et que rien ne les empêche de produire toute l'année, poursuit Cyril Pogu. Je reste convaincu que les producteurs doivent se parler. Les deux filières doivent se parler et qu'il y a de la place pour tout le monde et que, en se parlant, chacun réussira à trouver sa place. »

    La hache de guerre est enterrée, mais pour combien de temps ? Un nouveau modèle de barquette aux couleurs du drapeau français vient de faire son apparition sur le marché. Des producteurs ont décidé de miser sur le patriotisme pour concurrencer les tomates marocaines.

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  • L'association des producteurs de coton africains élaborent leur feuille de route à Garoua
    May 1 2025

    L'Association des producteurs de coton africains, l'AProCA, a célébré ses 20 ans d’existence lors de son assemblée générale à Garoua, dans le nord du Cameroun, le bassin cotonnier du pays. Présente dans 15 pays du continent, l'AProCa a su devenir un acteur incontournable de la filière en défendant les intérêts de plus de 2 millions de producteurs de coton répartis dans plus de 31 000 coopératives. Quelque 300 participants de huit pays étaient réunis pour deux jours d’échanges intenses à Garoua afin de dresser l’état des lieux de deux décennies de travail. Et surtout débattre de la feuille de route de l'AProCa pour les dix prochaines années.

    Professionnaliser les cotonculteurs afin qu’ils puissent tirer le meilleur parti de leur activité, c’est le premier grand objectif de l’Association des producteurs de coton africains, l'AProCa, pour les dix ans qui viennent. L'association aimerait en particulier voir renaître son université du coton. « Il faut que ce soit une affaire régionale, défend Koussouwè Kouroufei, président de l’AProCa et président de la Fédération des producteurs du Togo. Cette université coton doit être appuyée par les États, nos partenaires, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), etc. Pour que les enjeux et les problèmes du coton y soient traités. L’objectif serait de former les chercheurs, les agronomes, les entomologistes [spécialistes des insectes, NDLR], tout ce qui est lié au coton. Cette université du coton serait la bienvenue pour réfléchir à long terme sur la production du coton. »

    Relancer l'université du coton

    Autre grand défi souligné à Garoua, au Cameroun : l’adaptation des cotonculteurs au changement climatique. Pluies torrentielles, sécheresses prolongées, érosion des sols, ou encore ensablements affectent les rendements. Face à cela, l’AProCa cherche des solutions et entend convaincre les autorités. « Au moins que l’on s’adapte avec les chercheurs pour trouver des variétés résistantes qui auront un bon rendement, plaide Koussouwè Kouroufei. Pourquoi ne pas aller également vers l’irrigation à contre-saison ? Nous allons faire des plaidoyers auprès de nos gouvernements. »

    Innover et s'assurer face aux risques climatiques

    Il s’agit aussi de mieux rémunérer et de mieux protéger les cotonculteurs. « De plus en plus, nos partenaires techniques disent qu’il y a de l’argent dans le coton, rappelle Youssouf Djimé Sidibé, le secrétaire permanent de l’AProCa. Mais les recettes du coton ne sont pas contrôlées par les producteurs. Or dans la filière coton qui compte beaucoup d’acteurs, c’est le producteur qui prend le plus grand risque, mais qui est le moins bien assuré et le moins payé. Donc, nous nous battons pour permettre au producteur de vivre décemment de sa production. » L’un des chevaux de bataille de l’AProCA est la mise en place d’une assurance climatique agricole pour les producteurs de coton.

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  • Dans l'est de la RDC, les patrons appellent à l'aide, l'État cherche des investisseurs
    Apr 30 2025

    Pillages, spoliation d'entreprises, banques à l'arrêt. La guerre a paralysé les activités économiques de l'est de la RDC. Les entrepreneurs espèrent beaucoup des pourparlers en cours à Washington. Le Rwanda et la RDC se sont donnés jusqu’au vendredi 2 mai pour parvenir à un projet d’accord de paix.

    Près de 90 entreprises qu'il accompagne ont mis la clé sous la porte à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Jean-Paul Lokumu, consultant en entrepreneuriat, constate l'abattement et le sentiment d'abandon des patrons dans une région coupée du monde : « Lorsqu’il n’y a plus de liaisons aériennes, lorsque les banques ne fonctionnent plus, on ne peut même pas parler de climat des affaires pour le moment. »

    Appel aux financements, même sans les banques

    Jean-Paul Lokumu se fait le porte-voix des patrons des Kivu, qui espèrent une paix rapide. En attendant, ils demandent de l'aide : « Je fais appel aux ONG, aux structures de financement pour venir à notre rescousse. Même si les banques sont fermées, il y a la possibilité de travailler sur la résilience, de trouver une solution pour ces entrepreneurs. En tout cas, ils sont vraiment dans le besoin. » L'amélioration du climat des affaires, c'est un des crédos de l'exécutif congolais ces derniers mois. Lors d'un forum à Casablanca la semaine dernière, le ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba a invité les entrepreneurs étrangers à investir en RDC.

    Mi-avril, Thierry Katembwe, conseiller du président de la République Félix Tshisekedi, était, lui aussi, à Paris pour convaincre des entreprises françaises d'investir dans le pays. « La démarche est assez claire quand on sait que le pays va finir par être pacifié. On sait que tout est une question d'économie, tout est une question d'opportunités, insiste-t-il sous les ors de l’ambassade de RDC en France.

    Accor veut un hôtel à Goma

    « Aujourd'hui, on dit à tous ces investisseurs "Venez directement en RDC". On est en train de mettre en place une plateforme énorme pour que les différentes multinationales s'y retrouvent. On est très heureux aujourd'hui d'avoir des grosses boîtes françaises, les plus grosses boîtes américaines qui sont déjà engagées et donc on en veut encore plus ».

    Le Nord-Kivu intéresse toujours le groupe hôtelier français Accor qui a un projet d'hôtel Ibis Style à Goma. « Notre partenaire local a une parfaite lecture des dynamiques de développement que va connaître sa ville dans les années à venir. Il croit fortement à son potentiel et il faut se projeter, assure Réda Faceh, vice-président en charge du développement en Afrique centrale d’Accor. Il est clair qu'à l'instant T, c'est un peu compliqué, mais on est optimiste. La ville va connaître un dénouement heureux et c'est ce qu'on lui souhaite. On espère justement pouvoir développer très prochainement un hôtel, voire plusieurs à Goma, qui reste quand même une ville d'une taille assez importante ». La RDC cherche toujours à diversifier son économie. Mais c'est bien autour de ses précieux minerais critiques qu'un accord avec les États-Unis est en train d'être concocté

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  • [100 jours de Trump] Fin du MCC: l’Afrique perd encore plus de financements américains
    Apr 29 2025

    C’est la fin du Millennium Challenge Corporation. Deux tiers de cette aide américaine bénéficiaient à des pays africains, finançant routes, électricité et irrigation. Le retrait de Washington laisse des chantiers inachevés et des économies locales fragilisées.

    Les ouvriers s’activent encore sur le grand échangeur de Koumassi à Abidjan. Une infrastructure financée par le MCC dans le cadre du programme pour la Côte d’Ivoire : 537 millions de dollars au total. Notamment pour la réhabilitation du boulevard du Port. Des années qu’elle était en projet, ce sont les financements américains qui ont permis cela, explique Marie-Viviane Ado Gossan-Coulibaly, directrice du MCA Côte d’Ivoire, l’entité responsable de la mise en œuvre du programme. « C’est une voie qui est clé dans l’économie ivoirienne parce que tous les produits passent donc par cette voie-là pour être exportés ou même importés. Aussi, beaucoup d’industries y sont installées, dans la cimenterie, dans le café, dans le cacao. Et la réhabilitation d’un tel boulevard a un impact important dans les performances de toutes ces industries-là. »

    Le Malawi privé de financements pour ses routes

    Au Malawi, c’est un financement de 350 millions de dollars qui disparaît. Il devait servir à la construction de routes à travers tout le pays. Jacob Hara, le ministre des Transports, l’a confirmé : projet reporté après, dit-il, « le brusque changement de politique américain. » La nouvelle doctrine de rationalisation des dépenses publiques à l’international a encore frappé. Pour Ibrahim Amadou Louché, économiste nigérien, les conséquences vont au-delà des frontières africaines : « Le risque, c’est que ça accentue des désordres qui sont déjà très présents dans ces zones qui, par ricochet, finissent par atteindre les pays développés sous divers canaux, notamment par la migration ou par tout un tas de vecteurs. Il serait souhaitable que les autorités américaines reconsidèrent leur position pour essayer de reprendre ces aides. »

    « Des perspectives sombres »

    Les États-Unis ont mis fin à l'USAID, l’Agence américaine pour le développement : 16 milliards de dollars d’aide par an pour l’Afrique subsaharienne. Dans une moindre mesure, la France et le Royaume-Uni ont aussi raboté leurs aides au développement. Cela commence à faire beaucoup de financements qui manqueront aux États africains. « Il y a du ressentiment. Les organismes internationaux emploient aussi de la main-d’œuvre locale. Il y a des emplois directs et indirects, témoigne Ibrahim Amadou Louché. Moi, personnellement, pour ma part, j’ai des connaissances qui s’apprêtent maintenant à rentrer au pays, et c’est beaucoup d’interrogations effectivement, par rapport à leur avenir. Les perspectives deviennent de plus en plus sombres. »

    L’alternative pour ces pays serait de se tourner davantage vers la Chine pour trouver des financements. Mais Pékin est sur un modèle différent, misant sur des investissements avec contrepartie. Ce qui participe à l’endettement des pays. Assez loin des dons sans remboursement du MCC.

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  • Sénégal: exaspération du secteur de la construction au point mort depuis un an
    Apr 28 2025

    En mai 2024, le gouvernement sénégalais tout juste installé suspendait les chantiers de construction dans le pays, le temps de faire des audits pour assainir le secteur. La mesure devait durer deux mois, mais les chantiers n’ont pas repris. Depuis, ce secteur crucial pour le pays – plus de 4% du PIB et plus de 200 000 emplois directs – a plongé dans la crise. Des dizaines de milliers d’emplois sont perdus et la population s’impatiente.

    De notre correspondante à Dakar,

    Chaque matin, au rond-point de Keur Massar en banlieue de Dakar, des centaines d’ouvriers attendent, outils à la main, que des camions viennent les chercher pour aller travailler. Mais depuis un an et la suspension des chantiers par les autorités, le travail se fait rare. « Tu viens à 5h du matin, tu vas rester jusqu'à 10h et puis rentrer, se plaint Ida Faye, maçon. Le lendemain, tu reviens encore, tu avais espoir de gagner quelque chose, mais tu rentres encore bredouille. Ça fait des mois que ça dure ! »

    15 000 emplois formels perdus

    Au Sénégal, beaucoup de ces jeunes ont voté pour le nouveau président Bassirou Diomaye Faye avec l’espoir du changement, mais leurs conditions de vie se sont détériorées. « Avant, avec l'ancien régime, on pouvait gagner 10 000 ou 11 000 francs CFA par jour, se souvient Rane Dieng, ouvrier du bâtiment. Mais maintenant, on a du mal à gagner ne serait-ce que 5 000. Ça fait un an qu’ils sont là et ils n'ont rien fait pour le pays. Il faut qu'ils arrêtent de faire, d’auditer, de suspendre tout, il faut qu'ils travaillent ».

    Insa Coly, ferrailleur et père de famille, est en colère et n’arrive plus à penser à son avenir. « Si tu trouves 300 000 francs aujourd'hui, tu prends la pirogue pour rentrer en Espagne. Tu fais l'Espagne trois mois et tu achètes un terrain ici à Dakar. Mais tu travailles ici pendant 20 ans et tu ne peux même pas acheter un terrain. Nos États doivent penser à cette jeunesse-là, sinon nous tous, on va mourir dans la mer ! »

    Quinze mille emplois ont été perdus dans le secteur formel suite à la suspension des chantiers, selon les syndicats. Certains ouvriers qui avaient des contrats sont au chômage technique. Dans le secteur informel, c’est impossible à chiffrer, mais bien plus élevé selon les représentants de la profession, qui s’impatientent. « Au début, on disait qu'il y avait des audits à faire, qu’il y avait une situation du secteur dont on voulait vraiment avoir une maîtrise, reconnaît Oumar Gueye, du Syndicat national de la construction et du bâtiment, affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS). Mais j'avoue que là, on ne comprend plus. »

    Absence d’accompagnement de l’État

    D’autant que l’État sénégalais a accumulé de nombreux impayés auprès des entreprises de construction, pour 300 milliards de francs CFA, soit plus de 450 millions d’euros. « Dans une République normale, même s'il y a des décisions qui doivent être prises, l'idéal serait au moins qu'on puisse nous appeler autour d'une table, juge Oumar Gueye. Si, par exemple, on nous avait payés à l'avance sur la dette intérieure, on aurait au moins pu préparer ces situations-là. Mais du jour au lendemain, on est confronté à cette situation d'arrêt des travaux, on n'a plus de nouveaux marchés, on n'est pas payés, les chantiers qui étaient gagnés ne sont pas exécutés. Donc ça fait mal. »

    Au dernier trimestre 2024, le chiffre d'affaires du secteur sénégalais de la construction a reculé de près de 10% par rapport à la même période en 2023. Sollicitées, les autorités n’ont pas donné suite à nos demandes d’interview.

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  • Afrique du Sud: le trafic international de plantes conduit à l’extinction des clivia mirabilis
    Apr 27 2025

    L’Afrique du Sud n’échappe pas au pillage de sa flore. Le trafic a explosé depuis la pandémie de Covid-19 : plus de 1,5 million de plantes ont été saisies par les autorités sud-africaines depuis 2019. Jusqu’à présent, il concernait surtout les plantes grasses de la côte ouest. Mais les spécialistes s’inquiètent désormais du vol de clivia mirabilis, une espèce découverte il y a seulement vingt ans et déjà au bord de l’extinction.

    De notre correspondante à Johannesburg,

    « C’est un peu le bazar ici, s’excuse Arnold Frisby, conservateur des plantes natives d’Afrique du Sud à l’université de Pretoria. Nous entrons dans la pépinière des cycas et des plantes indigènes. Et nous avons tout un tas d’autres plantes intéressantes, comme ces clivia. » Les clivia dont parle Arnold Frisby sont des plantes natives d’Afrique du Sud. Mais il en existe un type, dit mirabilis (miraculeux), qui ne pousse que dans un endroit précis de la province du Cap-Nord.

    Même cette pépinière de l’université de Pretoria n’en possède pas. Il faut normalement un permis pour en cultiver, mais cette espèce rare fait désormais les frais de trafics. « Il y a des collectionneurs qui veulent des clivia mirabilis en raison de leur caractère unique, explique le botaniste. Mais ce qui attire surtout, c’est la possibilité d’utiliser leurs caractéristiques génétiques, via la pollinisation, pour créer des espèces hybrides. Cela permet de concevoir de nouvelles plantes, encore jamais vues. »

    L’Asie plaque tournante du trafic

    Près de 80% des clivia mirabilis auraient disparu de leur habitat naturel, selon l’institut local de la biodiversité (Sanbi). « Les clivia partent vers l’Asie, et plus précisément vers la Chine, détaille Carina Bruwer, la chercheuse de l’Institut des études de sécurité (ISS) qui a étudié ce trafic. Soit les clients sont là-bas, soit les plantes sont ensuite revendues ailleurs. Comme les plantes grasses, les clivia ne sont pas récoltées pour le marché local sud-africain, mais bien pour l’international. Le problème, c’est qu’à partir du moment où ces plantes quittent l’Afrique du Sud, elles ne sont plus protégées : ce n’est pas nécessairement un crime de les importer, bien que ce soit illégal de les exporter d’Afrique du Sud. »

    Ces plantes sont désormais une espèce vulnérable dans le pays. Mais dans la région où elles poussent, les autorités manquent de ressources pour les protéger. La corruption est aussi un obstacle. « En ce moment, il y a une vingtaine de personnes qui attendent d’être jugées et plus de 4 000 plantes ont été confisquées, explique Clayton Jonkers, trésorier de la Société des clivia. Mais le nombre exact de plantes qui se trouvent toujours dans leur habitat naturel n’est pas connu. Nous espérons que les autorités sur place pourront bientôt nous dire, précisément, combien il en reste. » Quant aux clivia mirabilis récupérées, se pose aussi la question de leur stockage et de leur conservation, car elles ne sont pas faciles à cultiver.

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  • Le paiement mobile en Afrique de l'Ouest: validé et adopté
    Apr 24 2025

    Le paiement mobile se généralise et est désormais adopté par une large partie de la population en Afrique de l’Ouest. Selon le dernier rapport de la GSMA, l’organisation mondiale qui rassemble tout l’écosystème de la téléphonie mobile, en quatre ans, le nombre de comptes « Mobile money » a doublé en Afrique de l’Ouest.

    Les opérateurs ont investi dans le paiement mobile, convaincus que les appels vocaux ne suffisent plus pour faire gonfler leurs chiffres d’affaires. Le paiement mobile et ses QR codes se sont répandus comme une traînée de poudre dans les commerces, les taxis. Des services financiers accessibles à tout le monde. Pour les particuliers comme les entreprises qui n’ont pas de compte en banque, le paiement mobile change la donne.

    Une adoption massive tirée par les opérateurs et les fintechs

    Avec 485 millions de compte pour 357 milliards de dollars échangés l'année dernière, « l’Afrique de l’Ouest a rattrapé son retard », observe Arnold Gnama, en charge du développement business en Afrique francophone chez Thunes, une fintech singapourienne. « Des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Niger, etc. Le taux de bancarisation, quand on remonte en arrière, quinze ans en arrière, il était en dessous de 15%. Et grâce aujourd’hui à l’adoption du mobile money, on se retrouve à 71% dans l’UEMOA. Des personnes, des individus et même des entreprises aujourd’hui arrivent en fait à non seulement développer le taux d’inclusion financière, mais à développer des usages. »

    L’autre immense accélérateur, c’est l’arrivée d’acteurs comme l’américain Wave, spécialiste du paiement mobile. Avec ses 1% de commissions et son application intuitive, il a su conquérir les marchés : 21 millions de comptes actifs en Côte d’Ivoire, par exemple. « Wave a cassé les prix et s’est engagé dans une guerre tarifaire qui aujourd’hui porte ses fruits. Ça a boosté le paiement marchand non seulement par les coûts qui ont été réduits, mais également par la simplicité d’usage. Et aujourd’hui, tous les acteurs sont en train d’aller vers ce modèle. En fait, la simplification. Et de s’aligner également sur les prix. »

    Vers une interopérabilité régionale ?

    L’enjeu désormais se joue du côté de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest. Un projet visant à interconnecter tous les portefeuilles de monnaie électronique, quel que soit l’opérateur, est en cours.

    « Aujourd’hui, les comptes sont un peu en vase clos, observe Mathias Leopoldie est le cofondateur de Julaya, startup spécialisée dans la finance et présente en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Bénin et au Togo. Donc quand vous avez un compte Orange Money, vous ne pouvez pas envoyer sur un compte Wave. Donc aujourd’hui, ça freine l’usage. Beaucoup de gens ont des multi-comptes même. Et vous voyez, les gens font : "Ah, tu veux de l’argent sur Orange ? Attends, j’en ai que sur Wave, alors il faut que j’aille retirer, puis je te le mets sur..." etc. Donc ça ralentit énormément les transactions. Et donc ce que fait la Banque centrale, c’est qu’elle propose un système technique central où tous les acteurs viennent se connecter. Ça unifie le cadre parce qu’aujourd’hui chacun fait un peu ses règles. »

    Une interopérabilité du paiement mobile dont la phase de test a débuté en août dernier, et à laquelle participent 90 institutions financières de la sous-région.

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