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  • Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent, chaque jour, en deux minutes une photographie sonore d'un évènement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour.

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  • Ouganda: les difficultés d'accès au logement pour les personnes LGBT+ [2/2]
    Jun 3 2024

    Deuxième volet de notre série sur la situation des personnes LGBT+ en Ouganda. Il y a un an, fin mai 2023, les autorités ougandaises promulguaient la « loi anti-homosexualité », considérée comme parmi les plus répressives au monde dans la criminalisation des communautés LGBT+. Les autorités assurent vouloir faire barrage à l’homosexualité, considérée comme une importation de l’Occident, mais les militants de la cause LGBT+ dénoncent des discours homophobes qui ont accompagné le vote de cette loi. Une des conséquences : la hausse des évictions.

    De notre envoyée spéciale à Kampala,

    En racontant son histoire, Boutras est envahie par l’émotion. Après s’être retrouvée à la rue, rejetée par sa famille, cette personne transgenre a fondé une organisation pour soutenir sa communauté. Nous rencontrons Boutras sur la terrasse d’un foyer qui héberge plusieurs de ses pairs.

    « Depuis le vote de la loi, j’ai été attaquée et harcelée. J’ai été chassée de logements que je louais, notamment parce que j’accueille des personnes LGBT+ dans le cadre de mon travail, ce qui attire l’attention et des plaintes suivent. Nous devons bouger constamment pour des questions de sécurité. J’ai déjà eu des personnes qui lancent des pierres sur mon toit », déplore Boutras.

    L’HRAPF, une ONG de défense des droits humains en Ouganda, a recensé 268 cas d’évictions de personnes LGBT+ depuis la promulgation de la loi. John Grace en a vu les conséquences, en tant que coordinateur de l’Uganda Minority Shelters Consortium, organisation qui regroupe plusieurs foyers pour les personnes LGBT+.

    « Nous avons constaté une hausse importante des demandes d’hébergements d’urgence depuis que la loi a été promulguée. Cette tendance est une source d’inquiétude, car, plus il y a de personnes regroupées dans un même logement, plus il est difficile de le gérer et plus il est visible, ce qui pose des questions de sécurité. Nous avons déjà eu des descentes de police dans plusieurs foyers », explique-t-il.

    Un climat de surveillance

    Jusqu’à peu, sous la loi « anti-homosexualité », tout propriétaire dont le logement était, à sa connaissance, utilisé pour des actes sexuels entre personnes de même sexe encourait jusqu’à sept ans de prison. La Cour constitutionnelle vient de rejeter début avril cette section, suite à un recours déposé par plusieurs organisations. Mais ses opposants dénoncent une loi qui a encouragé une atmosphère de surveillance. Par précaution d’ailleurs, John nous reçoit à son domicile, les rideaux tirés.

    « Pour l’instant, nous n’avons pas vu la tendance aux évictions s’inverser. J’ai peur que cette décision ne reste que des paroles en l’air. Nous avons déjà vu des acteurs non étatiques faire leur propre loi. Même ceux qui payent leur loyer se retrouvent face à des propriétaires qui leur disent ne pas vouloir d’eux dans leur logement, précise John Grace. Pour moi, il faut s’attaquer directement à ce problème. Car tant que de nouvelles personnes continueront de se retrouver à la rue, cela restera difficile pour nous de répondre à tous les besoins. »

    À travers son organisation, John tente d’organiser des processus de réconciliations avec les familles des personnes LGBT+ qui se sont retrouvées à la rue. Mais avec peu de succès pour le moment.

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  • Ouganda: les conséquences de la loi anti-homosexualité sur la santé [1/2]
    Jun 2 2024

    Fin mai 2023, les autorités ougandaises promulguaient la « loi anti-homosexualité ». Tout acte sexuel entre personnes de même sexe est passible de prison à vie, les cas considérés « d’homosexualité aggravée » de peine de mort, et toute personne considérée comme faisant la « promotion de l’homosexualité » encourt jusqu’à vingt ans de prison. Le but : faire barrage à l’homosexualité, considérée comme une importation de l’Occident, mais les militants de la cause LGBT+ s’inquiètent des conséquences sur l’accès aux soins de santé pour cette communauté déjà très stigmatisée.

    De notre envoyée spéciale à Kampala,

    Depuis la rue, impossible de savoir qu’une clinique se niche dans cet immeuble, en plein Kampala. Si sur ces réseaux sociaux, le lieu se revendique comme un établissement dédié à la santé des personnes LGBT+, sur place la discrétion est de mise. Brian Aliganyira est le fondateur, il joue le rôle du guide. « Ici, c'est la salle du médecin et aussi la salle d’examen où nous gardons certains médicaments, comme des antirétroviraux. Ainsi, le médecin peut faire son examen, prescrire des médicaments et même les donner directement au patient, ce qui apporte une meilleure confidentialité. »

    Depuis le vote de la loi il y a un an, les organisations de défense des droits humains dénoncent une hausse des agressions envers la communauté LGBT+. Un climat de peur qui rend le travail plus difficile au sein de la clinique. « Nous avons dû nous préoccuper de la sécurité de la clinique de manière croissante, par rapport aux soins de santé. Certains patients ont peur de venir, par crainte de ce qui peut leur arriver. D’autres nous demandent de leur envoyer ce dont ils ont besoin, déplore Brian Aliganyira. Alors oui, nous pouvons faire livrer des autotests, des préservatifs, du lubrifiant, mais un docteur ne peut pas faire d’examens à distance. Et même le personnel de santé démissionne, affirmant ne pas pouvoir travailler dans ce climat de peur. Ils me disent qu’ils ont peur chaque jour que quelqu’un vienne les arrêter. En un an et demi, cinq personnes ont démissionné. »

    Prévention contre le VIH plus difficile

    Au cœur des inquiétudes : la lutte contre le VIH. C’est ce qu’explique Richard Lusimbo, le directeur général de l’UKPC, un consortium d’organisations de soutien aux minorités dans l’accès aux soins de santé. « La prévention du VIH est rendue plus difficile. Notamment, car iI est devenu compliqué pour ceux qui sont sous traitement antirétroviraux de les obtenir. Or, si ces personnes arrêtent leur traitement, cela augmente les possibilités d’exposition au VIH. De plus, les personnes qui sont en possession de lubrifiants, préservatifs ou même PrEP sont stigmatisées et si elles sont arrêtées, risquent d’être accusées de promouvoir l’homosexualité, alors que ce sont des produits essentiels à la prévention au sein de la communauté LGBT+. Tout ça risque donc de nous faire faire marche arrière dans la lutte contre le VIH », précise-t-il.

    Dès le vote de la loi, l’agence des États-Unis pour le développement international s’était inquiétée des conséquences que cette législation pouvait avoir sur la lutte contre le VIH en Ouganda. Elle avait dénoncé une « attaque déraisonnable » à l’encontre d’un groupe déjà marginalisé.

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  • «On n'a rien pu sauver»: au Kénya, le désarroi des agriculteurs qui ont tout perdu dans les inondations
    Jun 1 2024

    Au Kenya, les inondations se poursuivent. Cette semaine encore, la vallée du Rift, dans l’ouest du pays, a été frappée par les intempéries. Ces hauts plateaux sont au cœur de l’activité agricole du Kenya. D’après les autorités, près de 68 000 hectares de terres arables ont été endommagés par les inondations dans tout le pays. Plus de 10 000 agriculteurs sont affectés et les autorités n’ont pas prévu de compensations.

    De notre correspondante à Nairobi,

    Alice se tient debout sur un tas de gravats. Cette agricultrice de 62 ans n’en revient toujours pas. Il y a un mois, l’effondrement d’une retenue d’eau à Mai Mahiu, à une centaine de kilomètres au nord de Nairobi, a emporté tout son village. « Je vivais ici. C'était ma maison et de l'autre côté, il y avait mes poules. Maintenant, on ne voit plus que de la boue et des arbres amenés ici par les eaux, rien d'autre. Avant, je dormais là-bas et travaillais. Mon cœur, en ce moment même, bat très fort. Quand je vois tout ce qui a été pris, c'est beaucoup », déplore-t-elle.

    Le drame de Mai Mahiu a fait 62 victimes et des centaines de déplacés. La plupart sont des agriculteurs, comme Mary, qui a perdu sa ferme et l’investissement de toute une vie. « Ma terre est complètement ravagée. Tout a été emporté et on n'a même pas espoir de pouvoir la restaurer. Le bétail a été emporté par les eaux, nous aussi, en plein milieu de la nuit. On n'a rien pu sauver, explique l'agricultrice. J'ai perdu presque 2,5 millions de shillings. J'ai perdu ma maison à quatre chambres, des réservoirs pour les chambres, mon bétail, mes semences. J'avais investi beaucoup dans cette ferme. »

    Aucune compensation du gouvernement

    La semaine passée, devant le Parlement, le ministre de l’Agriculture kényan a rappelé qu’aucune compensation ne sera fournie aux agriculteurs lésés par les inondations. Les fonds alloués à la réponse d’urgence ne le prévoient pas. Margaret est écœurée. Elle a perdu 950 poules et 26 cochons. « Nous n'avons reçu aucune aide, à part la nourriture au camp de déplacés. Le gouvernement a promis de nous reloger dans des appartements et de payer les trois premiers mois de loyer. Mais rien n'a été fait. On n'a pas reçu d'argent. Il y a juste un député qui est venu nous voir, il nous a donné 12 000 shillings en liquide, puis il est reparti. C'est tout ce qu'on a reçu, ça et la nourriture offerte par des bénévoles », précise Margaret.

    Le ministre de l’Agriculture a promis qu’une évaluation complète des terres agricoles endommagées serait menée, mais pas avant la fin de la saison pluvieuse.

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