• Gabon: spectaculaire retour en grâce

  • May 3 2025
  • Duración: 4 m
  • Podcast

Gabon: spectaculaire retour en grâce

  • Resumen

  • Prendre le pouvoir par les armes n'est pas, en Afrique, un péché fatalement mortel, qui vous envoie brûler en enfer. Vous pouvez même, au terme d'un bref passage au purgatoire, avoir droit à une entrée triomphale dans le club des chefs d'État. C'est juste une question d'habileté. Jour de fête, à Libreville ! Le général Brice Oligui Ngema prête serment, ce samedi 3 mai, en présence d’une quinzaine de chefs d’État africains. Ces réjouissances célèbrent à la fois le rétablissement de l'ordre constitutionnel, interrompu par le coup d’État d’août 2023, et le retour du Gabon dans la grande famille continentale. L’Afrique n’a-t-elle pas raison d’y adhérer ?Il y a probablement quelque chose à célébrer en dehors des succès personnels du général Brice Oligui Ngema. Avec ses compagnons de putsch, il avait, en 2023, mis le Gabon au ban des nations africaines, qui les sommaient alors de retourner dans les casernes, en rendant le pouvoir aux civils, en rétablissant l'ordre constitutionnel par des élections libres, équitables, crédibles et transparentes. La plupart de ces injonctions se sont vite évaporées. Il n’empêche. Ce sont les mêmes dirigeants africains qui vont le célébrer, ce jour, à Libreville. Avec une telle capacité d’oubli, l’Union africaine serait peut-être plus crédible en admettant, une fois pour toutes, que les coups d’État ne sont qu’un mode d’accession au pouvoir, comme un autre. Le général Oligui Nguema pouvant aussi inspirer d’autres aspirants putschistes…En quoi consisterait donc cette inspiration ?Vous commencez par prendre le pouvoir par les armes. Puis, une fois aux commandes de l’État (et de ses moyens), vous vous constituez une clientèle politique. Vous vous présentez ensuite devant les électeurs, et voilà votre situation régularisée ! Alors, en costume civil impeccable, vous pourrez écumer les sommets, sans que nul n’ose vous demander comment vous y êtes parvenu. Quant à votre prédécesseur qui s’est débrouillé pour être renversé. Tant pis pour lui ! Il mérite son sort, le vaincu ! Ainsi fonctionne le club des chefs d’État. Peu importe si les coups d’État, comme prône l’Union africaine, compromettent la démocratie, la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que le développement des pays du continent !Avec près de 95% des voix, Brice Oligui Nguema ne peut-il pas s’enorgueillir d’être réellement désiré par son peuple ?Oui, ce score époustouflant, presque sans fraudes, mériterait même de chaleureuses félicitations ! Les Gabonais l’ont plébiscité. Il saura mériter leur confiance. Sinon, comme tous les peuples, ils accepteront plus facilement de subir sa politique. Bien sûr, la facilité avec laquelle l’électorat se convertit à de nouveaux cultes laisse souvent songeur. Sous tous les cieux, les peuples ont une telle soif de héros que certains finissent par être victimes de leur propre crédulité. Même si on n’en est pas encore là, au Gabon.Mais, étant donné que les célébrations ont déjà commencé, pourquoi ne pas se réjouir de ce que, sur cinq nations africaines passées sous la botte de militaires putschistes depuis 2020, une, au moins, aura renoué avec la normalité. Quelle chance ! Car, ailleurs, tel autre putschiste, sans passer par le suffrage universel, s’apprête à s’octroyer une rallonge de cinq années de pouvoir, en plus des quatre déjà passées au palais présidentiel. En attendant d’autres prorogations, si le peuple le désire… Président à vie, putschiste à bail emphytéotique, qui voudrait ne plus être désigné que comme président de la République. Tous les putschistes ne se valent décidément pas !Faut-il comprendre que certains putschistes sont dignes d’admiration ?Il y en a que l’on admire pour avoir mis fin à un régime insupportable, c'est le cas de Brice Oligui Nguema, tombeur d’Ali Bongo, ou de Zine el-Abidine Ben Ali, qui avait renversé Habib Bourguiba, en Tunisie. Cela ne présume rien de ce que sera, ensuite, leur propre régime. D’ailleurs, Ben Ali lui-même a mal fini. Certains prennent le pouvoir pour nettoyer les écuries et impulser une dynamique politique saine, tel Amadou Toumani Touré qui, parce qu’il a bien conduit sa transition, reviendra par les urnes, dix ans plus tard. Autre cas, emblématique, trop souvent cité ici, faute d’antidote : Jerry Rawlings, au Ghana. En trois mois, il a organisé des élections et rendu le pouvoir au civil élu. Il reviendra cependant quinze mois plus tard, pour finir d’assainir l’économie et initier, en 1992, une démocratie exemplaire. Rien en commun avec les putschistes rêvant d’éternité, qui craignent tant le suffrage universel.
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