• Chronique de Jean-Baptiste Placca

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Chronique de Jean-Baptiste Placca

De: RFI
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  • Jean-Baptiste Placca, chroniqueur au quotidien La Croix et fondateur de L’Autre Afrique livre sa vision sur l’actualité africaine de la semaine écoulée. Entre analyse, réflexion et mise en contexte, cette chronique est l’occasion de donner du sens et de prendre du recul sur les événements de la semaine, mais également de revenir sur des sujets parfois traités trop rapidement dans le flot d’une actualité intense.

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  • Gabon: spectaculaire retour en grâce
    May 3 2025
    Prendre le pouvoir par les armes n'est pas, en Afrique, un péché fatalement mortel, qui vous envoie brûler en enfer. Vous pouvez même, au terme d'un bref passage au purgatoire, avoir droit à une entrée triomphale dans le club des chefs d'État. C'est juste une question d'habileté. Jour de fête, à Libreville ! Le général Brice Oligui Ngema prête serment, ce samedi 3 mai, en présence d’une quinzaine de chefs d’État africains. Ces réjouissances célèbrent à la fois le rétablissement de l'ordre constitutionnel, interrompu par le coup d’État d’août 2023, et le retour du Gabon dans la grande famille continentale. L’Afrique n’a-t-elle pas raison d’y adhérer ?Il y a probablement quelque chose à célébrer en dehors des succès personnels du général Brice Oligui Ngema. Avec ses compagnons de putsch, il avait, en 2023, mis le Gabon au ban des nations africaines, qui les sommaient alors de retourner dans les casernes, en rendant le pouvoir aux civils, en rétablissant l'ordre constitutionnel par des élections libres, équitables, crédibles et transparentes. La plupart de ces injonctions se sont vite évaporées. Il n’empêche. Ce sont les mêmes dirigeants africains qui vont le célébrer, ce jour, à Libreville. Avec une telle capacité d’oubli, l’Union africaine serait peut-être plus crédible en admettant, une fois pour toutes, que les coups d’État ne sont qu’un mode d’accession au pouvoir, comme un autre. Le général Oligui Nguema pouvant aussi inspirer d’autres aspirants putschistes…En quoi consisterait donc cette inspiration ?Vous commencez par prendre le pouvoir par les armes. Puis, une fois aux commandes de l’État (et de ses moyens), vous vous constituez une clientèle politique. Vous vous présentez ensuite devant les électeurs, et voilà votre situation régularisée ! Alors, en costume civil impeccable, vous pourrez écumer les sommets, sans que nul n’ose vous demander comment vous y êtes parvenu. Quant à votre prédécesseur qui s’est débrouillé pour être renversé. Tant pis pour lui ! Il mérite son sort, le vaincu ! Ainsi fonctionne le club des chefs d’État. Peu importe si les coups d’État, comme prône l’Union africaine, compromettent la démocratie, la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que le développement des pays du continent !Avec près de 95% des voix, Brice Oligui Nguema ne peut-il pas s’enorgueillir d’être réellement désiré par son peuple ?Oui, ce score époustouflant, presque sans fraudes, mériterait même de chaleureuses félicitations ! Les Gabonais l’ont plébiscité. Il saura mériter leur confiance. Sinon, comme tous les peuples, ils accepteront plus facilement de subir sa politique. Bien sûr, la facilité avec laquelle l’électorat se convertit à de nouveaux cultes laisse souvent songeur. Sous tous les cieux, les peuples ont une telle soif de héros que certains finissent par être victimes de leur propre crédulité. Même si on n’en est pas encore là, au Gabon.Mais, étant donné que les célébrations ont déjà commencé, pourquoi ne pas se réjouir de ce que, sur cinq nations africaines passées sous la botte de militaires putschistes depuis 2020, une, au moins, aura renoué avec la normalité. Quelle chance ! Car, ailleurs, tel autre putschiste, sans passer par le suffrage universel, s’apprête à s’octroyer une rallonge de cinq années de pouvoir, en plus des quatre déjà passées au palais présidentiel. En attendant d’autres prorogations, si le peuple le désire… Président à vie, putschiste à bail emphytéotique, qui voudrait ne plus être désigné que comme président de la République. Tous les putschistes ne se valent décidément pas !Faut-il comprendre que certains putschistes sont dignes d’admiration ?Il y en a que l’on admire pour avoir mis fin à un régime insupportable, c'est le cas de Brice Oligui Nguema, tombeur d’Ali Bongo, ou de Zine el-Abidine Ben Ali, qui avait renversé Habib Bourguiba, en Tunisie. Cela ne présume rien de ce que sera, ensuite, leur propre régime. D’ailleurs, Ben Ali lui-même a mal fini. Certains prennent le pouvoir pour nettoyer les écuries et impulser une dynamique politique saine, tel Amadou Toumani Touré qui, parce qu’il a bien conduit sa transition, reviendra par les urnes, dix ans plus tard. Autre cas, emblématique, trop souvent cité ici, faute d’antidote : Jerry Rawlings, au Ghana. En trois mois, il a organisé des élections et rendu le pouvoir au civil élu. Il reviendra cependant quinze mois plus tard, pour finir d’assainir l’économie et initier, en 1992, une démocratie exemplaire. Rien en commun avec les putschistes rêvant d’éternité, qui craignent tant le suffrage universel.
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  • Le pape François: testament pour la Création et les Créatures
    Apr 26 2025
    Il l'adressait aux Américains, en septembre 2015. « Traitez les autres avec la même passion et la même compassion avec lesquelles vous souhaitez être traités ». Ainsi parlait le pape François aux élus américains, réunis pour l'acclamer en 2015. Dix ans plus tard, cette exhortation s'impose plus que jamais, et tous devraient la méditer, au moment où la planète fait ses adieux au pape argentin. Quelque 130 délégations étrangères, dont une bonne cinquantaine de chefs d’État assistent, ce samedi 26 avril, aux obsèques du pape François, en plus des milliards de téléspectateurs et des centaines de milliers de fidèles qui lui rendent hommage, depuis le 21 avril. Comment comprendre cet intérêt planétaire pour ce pape réputé simple ?Au-delà de l’affliction, compréhensible, des catholiques, la disparition du souverain pontife émeut, car la plupart lui reconnaissaient des valeurs, une grande sincérité, beaucoup de simplicité et d’empathie. Autant d’atouts qui, aux yeux des peuples du monde, manquent à nombre de ceux qui tiennent aujourd’hui le gouvernail de la planète. Pour frapper l’imagination et les consciences, François savait trouver les bons termes et, au nom de ce qui est juste, il assumait de déplaire.Dans un monde régi par la brutalité, la raison du plus fort et la capacité à intimider, sinon à agresser, ce pape savait, sans haine ni malice, exprimer des convictions fortes sur les dysfonctionnements qui affectent l’humanité. Maintenant qu’il n’est plus, notre monde semble privé de l’essentiel du peu de conscience qui lui restait. Et, en attendant que le prochain pape devienne suffisamment audible, pour imposer son style et sa voix, François manquera cruellement à la terre entière.Puisqu’il demeure populaire, même dans la mort, pourquoi ne pas ressusciter, pour les valoriser, ses idées les plus percutantes ?Cela supposerait des disciples organisés, que François, pape bien trop humble, n’a pas imaginé mobiliser de son vivant. Mais certaines de ses idées infusaient déjà, qui sauront prospérer toutes seules. Ainsi de la protection de la planète, qu’il définissait, dans une encyclique, en 2015, comme « un bien fondamental », « la maison commune à sauvegarder », de « la culture du déchet ». « La protection de la planète, rappelait-il, est la tâche la plus urgente de notre temps. Nous en sommes tous responsables. Nul ne pourra dire : je n’y suis pour rien ».De même, pour protéger les faibles et les démunis, François prônait moins de disparité dans une économie mondiale où 20% de l’humanité détient environ 80% des richesses. Ce déséquilibre marginalise, exclut, laisse à l’écart. « Notre époque nous parle de tant de pauvreté, disait-il, et la pauvreté est un cri. Dans un monde avec autant de richesses, c’est un scandale que tant d’enfants soient affamés et privés d’éducation ; que tant de gens meurent de faim ! ».Pour le défunt pape, les migrants sont une boussole que les pouvoirs ne peuvent ignorer durablement, sans risquer d’en être eux-mêmes victimes. Aussi, mettait-il en garde, à Lampedusa, contre « la mondialisation de l’indifférence », qui vous habitue insidieusement à la souffrance des autres. Comme si c’était quelque chose de normal. « Ces gens sont victimes d’une injustice mondiale. Pourquoi doivent-ils, à cause de la guerre ou de la faim, quitter leurs terres ? »À lire aussiItalie: le pape François sur l'île de Lampedusa pour attirer l'attention sur le drame de l'immigrationNe faut-il pas, au regard de la situation actuelle, convenir que lui-même n’a pas été entendu ?Peut-être. Mais il avait prévenu. Cette surdité feinte ne sera pas sans conséquences : « Plus vous êtes puissant, plus vos actes ont des effets sur les gens, plus vous serez amené à être humble. Sinon, le pouvoir vous détruira, et vous détruirez les autres ». En bon pasteur, François avait, en septembre 2015, livré l’antidote au Congrès des États-Unis. La règle d’or : Traiter les autres avec la même passion et la même compassion avec lesquelles on souhaite être traité. Rechercher pour les autres les mêmes opportunités que l’on cherche pour soi-même. Aider les autres à grandir, comme on aimerait être aidé. Si on veut la sécurité, il faut donner la sécurité. Offrir des opportunités, si on veut des opportunités. « La mesure que nous utilisons pour les autres sera celle que le temps utilisera pour nous », avait insisté le pape. Feindre d’être sourd aux cris de détresse des autres, c’est prendre le risque que Dieu ne vous entende pas, lorsque vous l’invoquerez, pour lui rappeler qu’il a toujours été de votre côté.À lire aussiLe pape François, un bâtisseur de ponts et de réformes
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  • Afrique: le sursaut ou la noyade
    Apr 19 2025
    Dans le désordre généralisé provoqué par les guerres commerciales tous azimuts du chef de l'exécutif américain, l'Afrique risque de voir sa position sur l'échiquier mondial fragilisée. À moins de repenser enfin solidement son destin. Ce dont, pour l'instant, l'on ne perçoit aucun signe. Alors que les décisions intempestives et les volte-face à répétition de Donald Trump ne cessent de mettre le fragile équilibre du monde au bord de la rupture, pour l’Afrique, l’inaction des Africains est bien plus préoccupante que la politique erratique du locataire de la Maison Blanche.L’Afrique, en dépit de son poids relativement faible dans la balance des paiements des États-Unis, est plus durement affectée par les incohérences qui fusent du Bureau ovale. C’est la destinée du monde qui se joue, et la passivité des Africains n’en est que plus affligeante. Alors que même les alliés traditionnels de l’Amérique repensent de nouvelles stratégies à long terme pour réduire leur dépendance à cet allié si versatile, l’Afrique, elle, se contente de bredouiller d’inaudibles protestations.Les relations internationales sont à la croisée des chemins, et tous les autres s’organisent. Seuls les Africains semblent croire que les injonctions de l’Histoire s’imposent moins à eux qu’aux autres peuples. Comme si, systématiquement, ce continent se déclarait forfait aux grands rendez-vous historiques. Au début des années 1990, alors que le monde, après la chute du Mur de Berlin, était en pleine recomposition, l’Afrique, recroquevillée, oubliait de se trouver une place sur l’échiquier international. Elle était pourtant méprisée. Les grands cabinets mondiaux d’audit et de conseil, comme les agences de notation, ne la prenaient nullement en compte. Sous couvert d’anonymat, un haut-fonctionnaire français s’était même hasardé à suggérer, dans un grand quotidien, que si l’Afrique venait à disparaître, engloutie par l’océan, ce ne serait pas si grave pour l’humanité.Par sa stature, Nelson Mandela, libéré en février 1990 après 27 ans de prison, fera taire les quolibets. À lui tout seul, l’Africain Mandela, figure la plus charismatique au monde, sauva l’Afrique du mépris. À sa mort, en 2013, le premier président américain afro-descendant Barack Obama prendra discrètement la relève. Mais, depuis, les dieux qui veillaient sur l’Afrique semblent en congés. Elle est redevenue souffre-douleur de Donald Trump et de ses semblables.À lire aussiAfrique: le continent soulagé après le recul de Donald Trump sur les droits de douaneL'interruption des subventions américainesLe mépris est consubstantiel à l’idée que se fait Donald Trump de sa propre importance. Alors que le nouveau président a annoncé l’interruption des subventions américaines, celles-ci, même cumulées sur 60 ans, n’atteignent pas le millième de ce que les États-Unis, ont déboursé pour soutenir l’Ukraine ces trois dernières années, après son invasion par la Russie. Une aumône ! Que l’Afrique, avec ses immenses ressources naturelles, dépende autant de cette aumône est une anomalie. Celle-ci risque de se perpétuer, si l’Afrique ne se décide pas à s’interroger sur elle-même, sur le poids dont elle veut peser sur l’échiquier international, et sur le mépris et l’humiliation que subit, partout, l’homme africain. Ce dernier est souvent obligé de fuir sa terre d’origine, pour survivre.Une désapprobation généraleLa désapprobation générale ne prouve-t-elle pas, au fond, que Donald Trump n’épargne personne ? La plupart des alliés des États-Unis, déconcertés, sauront se prémunir, à l’avenir, contre de telles déconvenues. Mais Donald Trump n’est que l’affligeant révélateur du niveau général des dirigeants actuels du monde et de l’inconsistance de la réflexion qui sous-tend leurs politiques. À l’époque, aux États-Unis, la densité des maîtres à penser se percevait aisément chez les présidents dont ils étaient les conseillers à la sécurité nationale : Kissinger, Brezinski, McFarlane, Condoleezza Rice, et tant d'autres.Parce que le monde s’effondre et que le niveau, partout, est en chute, l’Afrique, continent anormalement émietté, ne peut se contenter d’observer et de subir. Incapable de résoudre le moindre conflit entre les quelque 55 États qui la composent, elle a une impérieuse soif de leaders d’envergure. Pour la tirer vers le haut. Inciter les Africains à se respecter, et à faire respecter l’Afrique. Et c’est bien plus judicieux que de sans cesse exiger un respect que l’on n’inspire pas… à soi-même.À lire aussiFitch rassurant sur la note des États africains malgré les droits de douane américains
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