Les dessous de l'infox, la chronique Podcast Por RFI arte de portada

Les dessous de l'infox, la chronique

Les dessous de l'infox, la chronique

De: RFI
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Info ou intox ? Chaque semaine, RFI épingle une de ces tentatives de manipulation de l’information, pour en expliquer les ressorts. Vous souhaitez que «Les dessous de l'infox» vérifie la véracité d'une déclaration, d'une photo ou d'une vidéo... qui circule sur les réseaux sociaux, joignez-nous sur notre numéro WhatsApp + 33 6 89 07 61 09.

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  • Togo: la désinformation ajoute à la confusion avant les municipales
    Jul 11 2025

    Au Togo, les tensions sont encore vives à moins de dix jours des élections municipales. Le pays a été marqué fin juin par des manifestations d’ampleur contre le régime de Faure Gnassingbé. Selon plusieurs partis d’opposition et des organisations de la société civile, la répression de ce mouvement de contestation a fait au moins sept morts et des dizaines de blessés. Sur les réseaux sociaux, de fausses déclarations de personnalités politiques africaines et européennes ajoutent à la confusion.

    Si vous suivez de près l’actualité au Togo, vous avez probablement vu passer cette déclaration attribuée, à tort, au capitaine burkinabè Ibrahim Traoré. Dans une vidéo mensongère devenue virale ces derniers jours, on pense l’entendre apporter son soutien aux mouvements de contestation au Togo.

    Cet audio, long d’une minute et dix-huit secondes, a été écouté plus de 3 millions de fois sur TikTok et Facebook. Les comptes qui partagent cet extrait évoquent un « discours historique ».

    Une déclaration fabriquée de toutes pièces

    En réalité, le capitaine Ibrahim Traoré n’a jamais prononcé ces mots. L’extrait en question a été entièrement généré par un outil d’intelligence artificielle. Plusieurs internautes burkinabés signalent que le timbre de la voix d’Ibrahim Traoré est trop grave. Malgré tout, le résultat est assez bluffant, à tel point que les détecteurs d’IA que nous avons utilisés se trompent. Il s’agit là d’une nouvelle preuve que les outils de génération progressent plus vite que les outils de détection.

    Pour vérifier cet audio, nous avons d’abord cherché l’origine de cette prétendue déclaration. Sur les divers canaux officiels de communication du pouvoir burkinabè, ainsi que dans les médias locaux, ce discours est introuvable.

    En multipliant les recherches par mots clés, nous avons fini par retrouver le primo-diffuseur, le compte à l’origine de cette bande son. Il s’agit d’une chaîne YouTube, active depuis plus d’un mois. L’auteur précise qu’il est question d'un discours fictif, généré par intelligence artificielle, dans le but « de soutenir le peuple togolais ». Ce message d’avertissement a été volontairement ignoré par des comptes mal intentionnés.

    L’IA s'en mêle

    Ce discours artificiel d’Ibrahim Traoré n’est pas le seul à circuler à propos de la situation en cours au Togo. Avant lui, c’est la voix d’Emmanuel Macron qui avait été détournée. Cette opération de désinformation usurpait l’identité de RFI avec notre logo apposé sur cette fausse déclaration du président français.

    Plus récemment, l’image de la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, a également été manipulée. Dans une vidéo de huit secondes, on pense la voir mettre la pression sur le gouvernement togolais.

    Dans les faits, cette vidéo a été générée via l’outil d’intelligence artificielle de Google : Veo III. La durée, huit secondes, ainsi que le petit logo Veo en bas à droite de l’image le confirment. On remarque, de plus, plusieurs incohérences visuelles, comme les drapeaux du Togo et de l’Union européenne qui ne collent pas avec les originaux.

    Là encore, cette déclaration est introuvable sur les canaux de communication de l’UE et dans les médias, d’où l’importance de consulter des sources fiables.

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  • Pays de l’AES: la réalité derrière les images de logements flambant neufs
    Jul 4 2025

    Dans les pays de l’Alliance des États du Sahel, les politiques de construction de logements font régulièrement l'objet de fausses informations. Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, ces infox voudraient faire croire que d'innombrables quartiers d'habitations luxueux seraient sortis de terre depuis les coups d'État. Le mode opératoire consiste à diffuser des images sorties de leur contexte, en affirmant, à tort, qu’elles auraient été filmées au Sahel.

    Le dernier exemple en date concerne le Burkina Faso. Une vidéo, mensongère, vue plus de 4 millions de fois sur les réseaux sociaux, prétend montrer la construction récente de centaines de logements neufs dans le pays. Durant onze secondes, on y voit des immeubles luxueux, à perte de vue. « Ce ne sont pas les États-Unis, mais le Burkina Faso », indique, à tort, une voix anglophone dans la bande son. Les comptes à l’origine de cette vidéo, parlent de « maisons distribuées gratuitement par le capitaine Ibrahim Traoré aux citoyens burkinabés ».

    Vérification faite, ces images n’ont absolument rien à voir avec le Burkina Faso.

    Un projet immobilier en Chine

    Pour géolocaliser cette vidéo, nous avons d’abord effectué plusieurs recherches par image inversée. Cela nous a permis de retrouver le même extrait diffusé par des comptes asiatiques. La légende parle d’un projet immobilier baptisé « Jinan's Ma Shan New Village », en Chine, dans le centre Ouest de la province du Shandong.

    En parcourant la zone sur des outils de cartographie satellite, comme Google Earth ou Yandex Maps, on retrouve bien nos immeubles, construits au nord de la localité de Feicheng. La vidéo a donc été filmée à 11 000 km du Burkina Faso.

    Un mode opératoire à la mode

    Ce type d’infox se compte par dizaines ces derniers mois. Des images de projets immobiliers du monde entier, de l’Algérie, aux États-Unis, en passant par le Maroc, sont sorties de leur contexte et diffusées au Sahel avec des légendes mensongères. Le phénomène concerne aussi d’autres types d’infrastructures, comme des gares, des ponts ou des stations de métro.

    Ce mode opératoire est particulièrement populaire au Mali et au Burkina Faso. Pour cause, ces infox sont simples à fabriquer, elles deviennent souvent virales et sont, à l’inverse, parfois difficiles à vérifier.

    Un écosystème de comptes de propagande à la manœuvre

    À l’origine de cette désinformation, on retrouve tout un écosystème de comptes actifs sur Facebook, X, WhatsApp et TikTok. Ce réseau d’influence, déjà impliqué dans plusieurs campagnes de désinformation régionales, diffuse quotidiennement la propagande des pouvoirs en place dans l’AES. Les indicateurs de viralité montrent que leurs contenus touchent une large audience.

    Dans les faits, des projets de construction de logements existent dans les pays de l’AES. Au Burkina Faso par exemple, le gouvernement a pour ambition de construire 50 000 logements à travers le pays d’ici à 2029. À ce stade, on ne sait pas combien ont été construits ni à quel prix ils seront vendus. Pour autant, les vidéos qui circulent en ligne sont loin de la réalité.

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  • Israël-Iran: l’intelligence artificielle renforce la désinformation au Sénégal
    Jun 27 2025

    Alors que le cessez-le-feu déclaré mardi 24 juin semble tenir entre l’Iran et Israël, le conflit qui a opposé les deux ennemis jurés se poursuit toujours sur les réseaux sociaux. Une véritable bataille informationnelle se joue en ligne, sur tous les continents. Au Sénégal, la désinformation autour de cette guerre au Moyen-Orient sème le trouble, et polarise l’opinion publique. Un phénomène amplifié par des infox toujours plus crédibles grâce à la démocratisation de l’intelligence artificielle.

    C’est notre rédaction en langues locales à Dakar qui a lancé l’alerte. À en croire une vidéo diffusée sur Facebook et TikTok, une manifestation historique en soutien à la cause iranienne aurait eu lieu au Sénégal ces derniers jours. Durant exactement huit secondes (information importante), on y voit une foule de personnes à perte de vue, réunie sur un boulevard, en centre-ville. Certains portent des drapeaux iraniens ou sénégalais. En tête de cortège, un homme scande un slogan en wolof : « Senegal moy iran, Iran moy Senegal », « L’Iran, c'est le Sénégal, le Sénégal, c'est l’Iran » en français. Cette formule est reprise par des centaines d’internautes.

    En réalité, cette manifestation n’est pas réelle. Cette vidéo, vue plus d’un million de fois, a été entièrement générée par intelligence artificielle. Aucune manifestation pro-iranienne de cette ampleur n’a eu lieu au Sénégal. Visuellement, plusieurs indices mettent la puce à l’oreille. La foule est beaucoup trop compacte et le boulevard est trop large. Certaines pancartes sont également illisibles. Un drapeau du Sénégal est aussi mal représenté. L’étoile verte au centre est remplacée par une sorte de croix noire.

    En zoomant sur l’image, on remarque, de plus, plusieurs incohérences au niveau des yeux et de la bouche de certains manifestants.

    Une vidéo décontextualisée

    En cherchant l’identifiant TikTok visible sur certains extraits, nous avons retrouvé le premier compte qui a diffusé cette vidéo. Dans sa biographie, il se décrit comme un « créateur de contenu artificiel ».

    Nous l’avons contacté et il confirme que c’est bien lui qui a généré ce clip. Certains utilisateurs mal intentionnés ont partagé sa vidéo sans mentionner l’utilisation de l’IA, à des fins de désinformation.

    Polarisation et tensions

    Les débats dans l’espace commentaire de ces publications montrent que ces fausses informations participent à la polarisation de l’opinion publique sénégalaise sur le soutien ou non à la cause iranienne. Certains utilisateurs, trompés par cette vidéo artificielle, se félicitent pour la tenue de cette fausse manifestation : « Je suis fier d’être sénégalais ! Soutien total à l’Iran ! ».

    D’autres, au contraire, pointent la nécessité de rester neutre : « Ce conflit au Moyen-Orient ne nous concerne pas. Notre devoir est de souhaiter la paix. Prendre position peut jouer en notre défaveur. Ce n’est pas notre guerre ». Cette désinformation alimente également les tensions religieuses et communautaires.

    Démocratisation des outils d’IA génératives

    Cet exemple montre une nouvelle fois les dangers de la démocratisation des outils d’intelligence artificielle. Cet utilisateur explique avoir utilisé la version professionnelle de Google Veo III. Cette intelligence artificielle de l’Américain Google, permet de générer, en quelques clics, des vidéos de huit secondes maximum, très réalistes, avec une bande son intégrée. L’abonnement est payant, aux alentours de 43 € par mois, mais il existe des moyens plus ou moins légaux de s’en servir gratuitement. Le rendu est tellement bluffant que certains détecteurs d’IA tombent dans le panneau.

    Pour ne pas se faire avoir face à ce type de contenu, le meilleur conseil consiste à regarder attentivement les visages, les logos ainsi que les éléments textuels. Même si les outils d’IA s’améliorent de jour en jour, certains ont du mal à représenter des panneaux, des devantures de magasin ou des drapeaux par exemple. L’image et les couleurs sont aussi souvent trop parfaites, trop lisses. Enfin, il faut aussi analyser le contexte et croiser les sources. Dans notre cas, si une telle manifestation avait eu lieu, la presse sénégalaise et internationale en aurait forcément parlé.

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