Quelle est la place de la notion de lumière dans les textes saints ? Comment l’homme peut-il devenir une lumière de Dieu ?
À l’occasion de la Fête de la Conception de la Mère de Dieu (9/12), Mère Aimiliani, higoumène du monastère orthodoxe Notre-Dame-de-Toute-Protection (89) reprend la métaphore de la Mère de Dieu comme « une lampe pour mes pieds, une lumière pour mon sentier » (Ps 118, 105) et la rapproche de plusieurs textes :

l’hirmos de la 9e ode de la Fête: «La source vivifiante qui ne tarit jamais, le chandelier de la Lumière tout-doré». Le texte de l’Évangile du jour: «Personne n'allume une lampe pour la recouvrir d'un pot ou pour la mettre sous un lit ; mais on la met sur un support pour que ceux qui entrent voient la lumière.» (Lc 8, 16). Un passage des textes de la Fête de l’Entrée de la Vierge au Temple: «Le Chandelier plein de clarté, divine Épouse, c'est bien toi : en ce jour tu resplendis dans la maison de notre Dieu….»

Elle fait également le rapprochement avec l’icône de la Mère de Dieu où on la voit tenir un cierge.

Elle indique que ces objets (chandelier, cierge, lampe à huile etc.) n’ont pas la lumière en eux-mêmes, ils ne sont pas des sources de lumière en eux-mêmes, mais ce sont des instruments sur lesquels la lumière se pose, des instruments cependant indispensables pour que cette lumière puisse luire et éclairer tous ceux qui sont dans la maison.

Citant à nouveau l’Évangile (Lc 12, 49), elle compare la Vierge à la mèche d’une chandelle, indispensable pour apporter la lumière. La Mère de Dieu est la lampe du Seigneur par excellence, dit-elle, tout comme st Jean-Baptiste, st Paul et tous les saints. Et la maison des Saints c’est l’Église.

Après cette introduction elle en vient à la citation de l’Ancien Testament: «L’âme de l’homme est la lampe du Seigneur» (Prov 20, 27) pour montrer que le Seigneur veut que chacun d’entre nous […] devienne Sa lampe et Son chandelier.

Elle commente l’icône de la Pentecôte qui représente le Saint-Esprit par une flamme. Ainsi, dit-elle, la tâche principale du Saint-Esprit est de révéler le Christ au monde, […], aux cœurs des hommes. Elle montre le rôle des apôtres et rappelle le rôle similaire de st Silouane l'Athonite.

Enfin elle explique que Dieu, qui a donné ce feu du Saint Esprit à Ses Apôtres et à Ses grands Saints, veut le donner également à chacun de nous, car Son désir est que chaque homme devienne Sa lampe. Mais pour cela nous devons travailler à bien nettoyer nos mèches, à astiquer et polir nos chandeliers, et à préparer nos lampes en y ajoutant l'huile pure de la compassion.

Nous devons donc faire un travail de métanoïa. Pour devenir enfants de lumière nous devons utiliser 5 moyens : l’humilité, la Parole de Dieu, la prière, l’Eucharistie et l’amour fraternel.

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Dans ce podcast, Comprendre l'évangile selon st Jean, Sandrine Caneri, bibliste et enseignante à l’ITO Saint-Serge en exégèse patristique, et présidente de l’association des Chrétiens Orthodoxes en Dialogue avec les Juifs, met tout son enthousiasme et sa vivacité pour nous faire pénétrer dans « la plus longue méditation d’un apôtre et de sa communauté, du mystère de Jésus », une véritable symphonie pleine de lumière et de symboles.

« Personne n’a osé donner de la divinité du Seigneur une révélation aussi pure que Jean. Il faut oser le dire, les évangiles sont l’accomplissement de toute la Bible ; l’évangile de Jean, l’accomplissement des évangiles; nul n’en peut saisir le sens s’il n’a pas reposé sur le sein de Jésus, s’il n’a pas reçu Marie de Jésus, de sorte qu’elle soit devenue également sa mère. » Origène (IIIe s.)

Clés de compréhension

En resituant cet évangile, si différent des évangiles synoptiques, dans le contexte rédactionnel de son époque (vers 95), on comprend que le ou les auteurs ont pris une certaine hauteur par rapport aux récits plus anecdotiques qui ont précédé.

Les nombreuses polémiques qui ponctuent le texte sont les témoins de problématiques propres aux communautés de la fin du Ier siècle auxquelles il s’adresse et nous obligent à prendre du recul pour « ne pas transporter les polémiques de l’époque 21 siècles plus tard ! ».

Spécificités de l’évangile de Jean

Enraciné dans la culture juive, l’évangile de Jean la met en dialogue avec la culture grecque. Le dualisme lumière - ténèbres parcourt le récit qui se présente comme un drame, où la parole de Jésus ne sera pas reçue. Des mots clés contribuent à différencier cet évangile des synoptiques : le monde - demeure/demeurez – Jésus savait (omniscience de Jésus) – l’agapè …

C’est aussi le seul évangile qui ne fait ni le récit du procès de jésus, ni celui de l’institution de l’eucharistie. En revanche, il relate des événements que taisent les synoptiques, à savoir : les noces de Cana – la Samaritaine – le lavement des pieds – la résurrection de Lazare.

Jean et la première alliance

Au travers de ces spécificités johanniques, Sandrine, grâce à sa fine connaissance de la culture hébraïque, nous permet de déceler les traces de l’Ancien Testament qui jalonnent les 21 chapitres. En pénétrant la structure très particulière de ce texte, elle met en lumière des correspondances cachées au lecteur non averti entre, notamment, la première semaine de l’évangile et la semaine de la Création, le shabbat et les noces de Cana …

Au-delà des événements décrits, jamais comme des anecdotes, se révèlent des signes, compréhensibles seulement par la connaissance de l’Ancien Testament.

« L’évangile de Jean doit être lu comme une icône »

A écouter Sandrine, on commence à comprendre qu’il faut prendre son temps pour aborder ce dernier évangile. Que l’on doit y entrer lentement, car ce qu’il nous donne à contempler nous entraîne dans une sorte de spirale ascendante où l’on s’élève progressivement.

« On ne peut pas lire Jean si on n’a pas un cœur de poète, un cœur contemplatif et un cœur de prière. »

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Comment pouvons-nous retrouver l’Adam premier ? Qu’est-ce que le repentir ?

Mère Aimiliani, higoumène du monastère orthodoxe Notre-Dame-de-Toute-Protection (Bussy, 89),dans cet entretien du 26 octobre 2024 auquel titré « Adam, reviens ! », s’appuie d’emblée sur le premier commandement de Dieu : « Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est Un, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toutes tes forces. » (Deut. 6, 4-5. Mc. 12, 29) pour le désigner comme un appel universel à tout l’Adam déchu, à toute l’humanité, appel à revenir à Dieu pour retrouver en Lui son unicité et son unité primordiale, à l’image de ce Dieu Un. Elle explique que, de même que Dieu est Unique en trois Personnes, de même l’homme en tant qu’Adam tout entier est appelé à retrouver son unité primordiale. Elle rappelle que le but du chrétien est d’apprendre à connaître Dieu et, surtout, le Christ, par le biais de l’Évangile, de la vie liturgique et de la vie dans le monde.

Tout d’abord, Mère Aimiliani insiste sur le fait que l’homme doit se reconnaître déchu et pécheur, en restant dans la joie de l’Incarnation de Dieu en Christ, qui est venu appeler Adam, sa brebis perdue, à revenir à Lui. Et pour cela il nous faut nous repentir, en comprenant le verbe pécher par son étymologie : « manquer le but », ne plus être dans la Vérité. Mais nous ne devons pas tomber dans la culpabilité, le repentir doit être quelque chose de vraiment lumineux, tout en étant accompagné par cette douloureuse joie dont parlent les Pères de l’Église. Il nous faut nous repentir pour éviter la mort de l’âme. Et le repentir véritable passe par l’humilité.

Ensuite elle nous demande de prendre conscience de la présence de Dieu en nous servant de Ses instructions que par bonheur Il nous a laissés, et de cheminer avec Lui.

Enfin elle commente l’épisode évangélique de Marthe et Marie (lc 10, 38-42). Chacun d’entre nous, montre-t-elle, est à la fois Marthe et Marie. Avec Marthe, nous voyons le niveau de l’amour éthique ou visible. [...] Mais avec Marie, nous voyons le niveau ontologique, spirituel de l’amour, niveau qui nous donne accès à l’éternité divine. […] Marie symbolise les âmes dont la conscience dépasse ce monde, les âmes qui ont goûté déjà, tant soit peu, tout en demeurant ici-bas, les espaces vastes et éternels au-delà du temps, alors que Marthe, elle, symbolise les âmes dont l'esprit ne va pas au-delà des frontières du temps, ne dépasse pas les limites éthiques de ce monde temporel.

Marie absorbe le flot de la parole vivifiante qui coule du Logos, le Verbe de Dieu, et garde intégralement le premier Commandement. Marthe, elle, fait l’erreur de se préoccuper de beaucoup de choses, et ainsi dissipe l’unicité et l’intégrité pour lesquelles elle a été créée, car elle est dominée par la passion de l’anxiété, dont l’antidote est la confiance totale en Dieu. L’essentiel est la prière.

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