Episodios

  • Capitalisme : L'apocalypse qui vient
    Mar 4 2025
    Et si, demain, les pays n’existaient plus ? Si les États-nations, ces piliers de l’organisation politique moderne, cessaient d’exister, non pas sous l’effet d’une guerre ou d’un effondrement brutal, mais par une dissolution méthodique, orchestrée par les forces mêmes qui, autrefois, prospéraient en leur sein ? Et si, au lieu de 200 pays aux frontières bien définies, nous vivions dans un monde morcelé en milliers de micro-juridictions privées, chacune régie non plus par des lois communes, mais par les intérêts d’une poignée de grandes fortunes et d’entreprises multinationales ? Ce scénario n’est pas une pure fiction, mais bien une vision du monde portée par une frange influente de penseurs libertariens, investisseurs et entrepreneurs de la Silicon Valley. Des figures comme Peter Thiel, cofondateur de PayPal et idéologue du techno-libertarianisme, considèrent que les États-nations, avec leurs institutions démocratiques et leurs régulations, sont des entraves à l’innovation et à la liberté économique. Selon eux, la souveraineté ne devrait plus être une donnée politique collective, mais une variable économique que l’on peut acheter, vendre ou redessiner au gré des intérêts privés. Cette vision s’inscrit dans une stratégie bien définie : fragmenter le pouvoir étatique en multipliant les zones d’exception, ces territoires où les lois sont allégées, où l’impôt est réduit à néant, et où les entreprises peuvent opérer sans contraintes démocratiques. Dans Le capitalisme de l’apocalypse, le chercheur Quinn Slobodian analyse comment cette idéologie s’est développée, depuis l’héritage intellectuel de Milton Friedman et l’expérience de Hong Kong jusqu’aux projets de cités flottantes et de paradis fiscaux sur mesure. Il montre que cette dynamique ne relève pas d’un fantasme de milliardaires isolés, mais d’une tendance lourde du capitalisme contemporain, encouragée par des États eux-mêmes, séduits par les promesses de croissance économique et de captation d’investissements. L’auteur met en lumière les liens entre ces enclaves économiques et un projet politique bien plus vaste : celui d’un monde où la démocratie ne serait plus qu’un vestige du passé, remplacée par une gouvernance privée, contractuelle et concurrentielle. En s’appuyant sur des études de cas précis, il démontre que cette évolution est déjà en cours et interroge : sommes-nous face à un nouveau stade du capitalisme ou à un véritable projet de destruction des institutions démocratiques ? Pour répondre à ces questions, Salomé Saqué reçoit Quinn Slobodian sur Blast.
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    44 m
  • Néoliberalisme : l'avertissement au nom de la "liberté" - Joseph Stiglitz
    Jan 28 2025
    N’y aurait-il que la droite ou l’extrême droite, capables de défendre la “liberté” aujourd’hui, alors que les progressistes censureraient, entraveraient les libertés individuelles ? Cette notion de liberté a été accaparée par bon nombre de leaders de droite et d’extrême droite : partout, ils disent défendre la liberté. Aux États-Unis, c’est même devenu la valeur première, ce que beaucoup d’américains qualifient de “liberté absolue”. Les conservateurs affirment leur droit à faire ce qu’ils veulent, dire ce qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent. Et les géants de la tech suivent. Sur Facebook et Instagram, on peut désormais tenir des propos sexistes ou homophobes, car c’est ça la liberté d’expression à la sauce Zuckerberg. Sur X, on peut carrément être néonazi au nom de la liberté d’expression. Bref, pour certains, la liberté c’est le droit d’être raciste, antisémite, ou d’appeler à la haine. Aux États-Unis les conservateurs défendent également la liberté d’avoir des armes à feu, même si cela implique que des enfants soient assassinés dans des écoles. La liberté pour des chefs d’entreprise de mettre la main sur le système de santé, même si ça implique la mort de milliers de citoyens qui ne peuvent pas être soignés. La liberté de créer des monopoles, comme c’est le cas pour les réseaux sociaux, ou Amazon. La liberté d’exploiter des pans entiers de la population, de les payer de manière à ce qu’ils puissent à peine se nourrir. Bref, vous l’aurez compris avec l’exemple états-unien, la liberté de la droite et de l’extrême droite, c’est surtout la liberté de quelques-uns au détriment de celle de tous les autres. Comme le disait le philosophe Isaiah Berlin : “Donner la liberté aux loups, c’est souvent vouer les agneaux à la mort”. Seulement aujourd’hui, quiconque veut critiquer ce modèle est renvoyé au statut de censeur. Et c’est cet accaparement de la notion de liberté par ces courants politiques qui a poussé l’économiste prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz à écrire un livre entier sur le sujet. Selon lui, les conservateurs, droites et extrêmes droites de tous les pays sont au contraire les plus grands fossoyeurs des libertés, et il est urgent de déclencher un débat public digne de ce nom autour de cette notion. Interview avec Joseph Stiglitz en personne sur le plateau de Blast.
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    1 h
  • Vous ne détestez pas le travail, mais les patrons et le capitalisme
    Jan 15 2025
    En France, un salarié sur deux estime se trouver dans une situation de détresse psychologique, c’est deux fois plus qu’il y a quinze ans. Le nombre de burn out explose et les études montrent globalement une hausse claire de la détresse au travail. Face à cette situation, les discours médiatiques et politiques toujours plus stigmatisants fleurissent. Ils invoquent régulièrement la “valeur travail” sans questionner ce qu’elle recoupe réellement, voire se permettent de stigmatiser celles et ceux qui rencontrent des difficultés. La réalité est pourtant bien différente de celle décrite sur de nombreux plateaux de télévision. Pour beaucoup, le travail n’est pas un espace d’épanouissement mais une source constante de souffrance. Il enferme, épuise, et impose des rapports de domination où l’arbitraire règne en maître. Les injonctions à faire toujours plus, à se montrer performant ou loyal sans réelle reconnaissance en retour deviennent insupportables pour une partie des gens. Les tâches essentielles, souvent invisibles, restent sous-valorisées, tandis que d’autres, parfois inutiles, deviennent des outils de contrôle hiérarchique. Mais alors comment en sommes nous arrivés là ? Pour penser son quotidien, et peut-être espérer le changer, il est indispensable de comprendre les structures qui créent tant de souffrance. À quoi ressemble réellement le monde du travail aujourd’hui en France ? Qui fait quoi, qui travaille vraiment ? Réponse avec deux sociologues spécialistes de ces questions, Denis Colombi et Nicolas Framont dans cette nouvelle émission pour Blast.
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    1 h y 15 m
  • Couple : Pourquoi les femmes sont les grandes perdantes
    Dec 10 2024
    Peut-on encore parler d'amour sans parler d'argent ? En 2024, dans les couples hétérosexuels, les femmes continuent de payer un prix élevé, souvent invisible mais bien réel : charge esthétique, contraception, gestion des dépenses, sacrifices professionnels, retraites amoindries, charge mentale et domestique… Même dans les relations qui se veulent égalitaires, les chiffres ne mentent pas : aimer, pour les femmes, coûte cher. Avec leur bande dessinée Le prix à payer, Tiffany Cooper et Lucile Quillet décortiquent ces mécanismes avec clarté. En s’appuyant sur des données chiffrées et des exemples concrets, elles montrent que pour aimer juste, il faut compter. Pas pour diviser, mais pour mieux construire. Cette bande dessinée n’est pas un réquisitoire contre le couple, mais un appel à une réinvention. Parce que l’amour ne devrait jamais appauvrir, mais enrichir. Parce que repenser la répartition des rôles, c’est redonner au couple le potentiel d’être un lieu de liberté et d’égalité. Une lecture essentielle pour celles et ceux qui veulent construire autre chose que des compromis déséquilibrés. Au micro de Salomé Saqué, elles viennent livrer leur analyse pour Blast.
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    41 m
  • Couple : Pourquoi les femmes sont les grandes perdantes
    Dec 10 2024
    Peut-on encore parler d'amour sans parler d'argent ? En 2024, dans les couples hétérosexuels, les femmes continuent de payer un prix élevé, souvent invisible mais bien réel : charge esthétique, contraception, gestion des dépenses, sacrifices professionnels, retraites amoindries, charge mentale et domestique… Même dans les relations qui se veulent égalitaires, les chiffres ne mentent pas : aimer, pour les femmes, coûte cher. Avec leur bande dessinée Le prix à payer, Tiffany Cooper et Lucile Quillet décortiquent ces mécanismes avec clarté. En s’appuyant sur des données chiffrées et des exemples concrets, elles montrent que pour aimer juste, il faut compter. Pas pour diviser, mais pour mieux construire. Cette bande dessinée n’est pas un réquisitoire contre le couple, mais un appel à une réinvention. Parce que l’amour ne devrait jamais appauvrir, mais enrichir. Parce que repenser la répartition des rôles, c’est redonner au couple le potentiel d’être un lieu de liberté et d’égalité. Une lecture essentielle pour celles et ceux qui veulent construire autre chose que des compromis déséquilibrés. Au micro de Salomé Saqué, elles viennent livrer leur analyse pour Blast.
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    1 h y 5 m
  • Et si la fin du capitalisme avait déjà commencé ? - avec Bernard Friot
    Oct 15 2024
    Et si une vision anticapitaliste du monde était en réalité en train de gagner les esprits sans que l’on ne s’en rende compte ? Cette théorie est celle du dernier livre de l’économiste et sociologue Bernard Friot co écrit avec le philosophe Bernard Vasseur. Ils partent de ce constat : les initiatives remettant en cause le capitalisme fleurissent dans notre pays, et cela laisse présager selon eux une remise en cause totale de ce système, sans que cela ne passe nécessairement par les institutions. À leurs yeux, le début de cette ère post capitaliste se constate dans toutes les explorations d’expériences d’entreprises et d’organisations horizontales ; dans l’exigence grandissante d’un vrai respect de la diversité du vivant ou l’invention en cours d’une agriculture alternative à un agro-business dévastateur et sans paysans. Cela passe par les ZAD et les Soulèvements de la terre, par l’expérimentation de nouvelles manières de lutter, par l’impulsion donnée à une réflexion sur ce que pourrait être une propriété des terres qui ne soit plus une domination des espaces et une exclusion des personnes ; ça passe aussi la détermination à conquérir l’égalité des territoires, tout comme le mouvement #MeToo avec son affirmation ferme d’une égalité hommes femmes, enfin, ce sont aussi les mobilisations contre toutes les résurgences du colonialisme qui les amènent à cette vision du monde. Au vu de la situation politique actuelle, cette analyse n’est pas la plus consensuelle, mais elle a le mérite d’apporter une forme d’espoir à celles et ceux qui pensent que nous sommes condamnés à se faire broyer par un système capitaliste prédateur, une politique de l’intolérance et de la violence sociale. Avec ce livre, les auteurs recensent tout un pan des résistances qui existent bel et bien. À chacun, à la fin du livre, ou de cet entretien, d’imaginer l’avenir qui lui semble le plus probable. Salomé Saqué reçoit Bernard Friot sur le plateau de Blast.
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    1 h y 6 m
  • « Le capitalisme est déjà mort » - avec Yanis Varoufakis
    Sep 24 2024
    Dans son dernier livre, l’économiste Yanis Varoufakis défend une nouvelle théorie économique : le techno-féodalisme. Selon lui, nous aurions déjà basculé dans une sorte d’ère post-capitaliste, qui serait bien pire que le capitalisme lui-même. Sur le plateau de Blast, il veut mettre en garde contre les nouveaux modes de domination, et expliquer comment cette nouvelle organisation de la production nous mènera incontestablement dans le mur sans changement majeur. Au micro de Salomé Saqué, celui qui a mené la lutte contre les dogmes néo-libéraux au sein de l’Union européenne par la voix du ministère des finances de la Grèce en 2015 propose un nouvel apport théorique pour comprendre la structure de l’économie d’aujourd’hui.
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    44 m
  • Le programme du Nouveau Front Populaire va-t-il "mener le pays à la ruine" ? avec Michael Zemmour
    Jun 26 2024
    Le programme économique du Nouveau Front populaire a provoqué une véritable levée de boucliers médiatiques et politiques. Dès le lendemain de l’annonce des réformes promises par le front populaire, de nombreux médias enchaînaient les gros titres : “une catastrophe économique”, “un retour de l’argent magique”, “des dépenses folles”, “un programme pas du tout adapté”, “une insulte à notre intelligence”, “un contrat de dupes” voire carrément “un délire total” pour le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Bref, que ce soit dans la bouche du ministre de l’économie, où dans celle des nombreux journalistes, éditorialistes et analystes, dans beaucoup de médias la rengaine est la même : le programme économique du NFP ne serait pas rationnel, applicable ou sérieux, il même serait carrément dangereux et mènerait à l’effondrement de toute l’économie. Pourtant, il est soutenu par plusieurs économistes de renom à l’image de Julia Cagé ou Thomas Piketty, qui estiment qu’il est cohérent et rationnel. Entre autres mesures : → augmentation du SMIC de 200 euros, pour atteindre 1 600 euros. → indexation des salaires sur l’inflation → abrogation de la dernière réforme des retraites puis objectif de retraites à 60 ans → blocage des prix des produits première nécessité (énergie et alimentation notamment) → augmentation du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté → hausse de 10 % du point d’indice des fonctionnaires. → dans l’agriculture, négociations commerciales en garantissant un prix plancher et rémunérateur aux agriculteurs et en taxant les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution. → rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique » qui pourrait venir frapper les activités les plus écocides → rétablissement de l’« exit tax », venant taxer les plus-values de cession des entreprises délocalisées, annulée par Emmanuel Macron. → suppression des « niches fiscales inefficaces, injustes et polluantes ». → réforme de l’impôt sur l’héritage, en instaurant un héritage maximal et en rendant cet impôt plus progressif pour mettre à contribution les très hauts patrimoines, de plus en plus concentrés. Alors tout ceci est-il faisable ? Réponse avec l'un des plus grands spécialistes français du financement de l'État social, l'économiste Michaël Zemmour.
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    36 m
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